COVID-19 et transfrontalier : Après cette crise inédite, quels enseignements pour approfondir notre coopération ?

17.11.2021

Le transfrontalier, sujet majeur du travail de l’Agence sur les coopérations territoriales et le développement de la métropole lilloise, n’a pas été épargné par la crise sanitaire de Covid-19.

En 2020, et ce pour la première fois depuis la Seconde Guerre Mondiale, la frontière entre la France et Belgique dont les contours n’apparaissaient plus de manière évidente, a été rendue complétement imperméable. De part et d’autre de la frontière, des mesures restrictives ont été prises afin d’assurer un contrôle strict. Cela n’a pas été sans conséquence sur le quotidien et les pratiques des citoyens de ce bassin de vie transfrontalier.

C’est pour cela que l’Agence de développement et d’urbanisme de Lille Métropole a souhaité analyser précisément les impacts de la crise COVID-19 sur la zone transfrontalière de la métropole lilloise avec la Belgique. L’objectif était d’identifier les problématiques soulignées et révélées par la crise et les freins/leviers pour le développement du territoire transfrontalier.

L’Agence s’est associée à la Mission Opérationnelle Transfrontalière (MOT) pour analyser les restrictions à la frontière et leurs impacts et pour mener une enquête en ligne auprès de ceux qui pratiquent la frontière (habitants, travailleurs, étudiants). Elle s’est également entretenue avec les représentants des communes frontalières, françaises et belges afin de recueillir le vécu terrain. Les conclusions de ce travail ont notamment été présentées lors de la rencontre territoriale des 23 communes frontalières de l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai el 14 septembre 2021 à la Préfecture de Lille.

Les principaux enseignements à retenir :

  • Une frontière jusque-là perméable redevient matérialisée ! Cette situation inédite a marqué nombre d’habitants qui l’ont pour beaucoup mal vécue. Certains ont manqué d’informations pour savoir ce qui était permis ou non, quand d’autres ont évoqué l’éloignement forcé de leur famille pendant plusieurs mois, ou encore le bousculement brutal de leurs habitudes (achats, loisirs), source de stress et de complication pour le quotidien. Un tiers d’entre eux ont réorganisé leurs pratiques pour mener les mêmes activités qu’ils avaient de l’autre côté de la frontière dans leur propre pays de résidence.
  • Une résilience des pratiques transfrontalières. Malgré une tendance au retour à la proximité et au local, identifiée dans leurs réponses à l’enquête, les habitants de l’Eurométropole affirment majoritairement que leurs habitudes quotidiennes transfrontalières d’avant-crise (transport et achats notamment) resteront inchangées après la crise sanitaire.

Habitants de l’Eurométropole

70% font état d’une difficulté à saisir l’état des restrictions dans les deux pays lors de la crise sanitaire.

1 répondant sur 4 estime que les autorités françaises ou belges étaient mieux préparées lors de la deuxième vague de la pandémie.

71 % poursuivront leurs pratiques frontalières après la crise.

Source : enquête en ligne réalisée par la Mission Opérationnelle Transfrontalière auprès de 111 habitants de l’Eurométropole Lille-Courtrai-Tournai

  • Une mobilisation des communes frontalières pour informer et faciliter les démarches des citoyens. Outre le retour de contrôles à la frontière, les autorités belges et françaises ont dû composer avec des mesures restrictives prises au niveau des États et parfois en différé d’un pays à l’autre. La matérialisation de la frontière a dans quelques communes entraîné une première forme de coopération entre les deux pays avec du prêt de mobilier urbain pour empêcher la circulation.
  • Des conséquences réelles sur la coopération transfrontalière. Les coopérations franco-belges pendant la crise ont particulièrement été facilitées lorsque des liens étaient déjà établis entre les communes voisines avant la pandémie (ex. : organisation d’événements culturels, parcours touristiques, partage d’une même Histoire, coopérations historiques). De cette crise ont émergé plusieurs besoins : celui de connaître son voisin. Il apparaît ensuite nécessaire de déléguer les prises de décisions relatives à cette zone transfrontalière à des autorités plus locales, qui ont connaissance des enjeux d’une fermeture de la frontière sur le quotidien de ce bassin de vie (opinion partagée par les citoyens).

Les 23 communes frontalières de l’Eurométropole

Une mobilisation des communes frontalières pendant la crise de Covid-19
  • Informer les citoyens sur l’état des restrictions et des mesures pouvant les concerner et faciliter leurs démarches
  • Coopérer sur le terrain pour matérialiser la frontière
Des attentes exprimées pour le développement du transfrontalier
  • Structurer une réponse transfrontalière aux situations de crise
  • Définir collectivement le statut du transfrontalier et l’institutionnaliser
  • Se connaître et travailler sur les sujets communs
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