L’Aperçu n°12 – Mieux connaître l’offre de stationnement privé

avril 2022
L'Aperçu

Planification et aménagement > Foncier et immobilier
> Mobilité

MIEUX CONNAÎTRE L’OFFRE DE STATIONNEMENT PRIVÉ

L'Aperçu de Sylvie Mathon

Inspectrice au Conseil général de l’environnement et du développement durable
Auteure d’une thèse sur le stationnement résidentiel dans l’agglomération lilloise (2008)

L’analyse à partir de données fiscales trouve une application originale pour caractériser l’équipement d’une agglomération en parkings privés. Elle vient utilement compléter l’estimation de l’offre globale de stationnement même si cette première approche méritera d’être encore consolidée. Elle apporte en revanche de nouveaux angles d’analyse en termes d’économie du stationnement.

La dynamique de marché illustrée par l’augmentation des dépendances de stationnement (garages,…) témoigne d’une acceptabilité à payer des habitants pour disposer d’une solution près du domicile dans les zones urbaines denses. Résultat positif d’une politique de stationnement sur voirie dans ces quartiers, le marché a pris progressivement le relai. La question d’un accompagnement de cette tendance pourrait désormais se poser par la mise en place d’une aide dans le locatif social.

L’absence d’une politique de stationnement sur les quartiers moins denses et surtout, dans les zones d’activités et commerciales, représente en revanche une contrepartie négative. En continuant à augmenter cette offre gratuite sans régulation d’ensemble, l’action des politiques globales menées en faveur des modes alternatifs à l’usage solo de la voiture particulière est enrayée. Trois enjeux majeurs se dessinent à ce sujet pour ces espaces de périphérie :

  • leur accessibilité, autrement qu’en voiture ;
  • leur agencement marqué par la présence de grands parkings générant des effets de coupures pour les déplacements à pied ou en vélo vers et dans ces zones ;
  • l’imperméabilisation des sols.

LE DOSSIER THÉMATIQUE

MIEUX CONNAÎTRE L’OFFRE DE STATIONNEMENT PRIVÉ

À la demande de la Métropole Européenne de Lille, l’Agence et le Cerema ont mis en commun leurs compétences pour améliorer la connaissance de l’offre de stationnement sur le territoire. Il en résulte une méthodologie inédite basée sur l’exploitation des fichiers fonciers. Cette première approche a permis de mettre le projecteur sur ce sujet afin que le stationnement privé soit mieux appréhendé et devienne un véritable levier des politiques de mobilité et d’aménagement. Elle méritera d’être consolidée dans les mois qui viennent, mais ouvre d’ores et déjà de nombreuses perspectives en matière de politiques de stationnement, de mutualisation du stationnement, d’accompagnement des projets de mobilité, ou encore d’optimisation de la consommation foncière…

UNE PREMIÈRE IMAGE DE L’OFFRE GLOBALE DE STATIONNEMENT

Grâce aux travaux sur les données foncières développés par le Cerema pour le compte des acteurs publics, il a été possible de quantifier de manière consolidée l’offre de stationnement privé, de la géolocaliser et de caractériser les surfaces qu’elle a consommées.

Cette étude apporte un nouveau regard sur la problématique du stationnement et de la consommation foncière à l’heure du « Zéro Artificialisation Nette ». Ainsi, avec une surface totale de plus de 1 271 ha en 2020, 70% de l’offre de stationnement métropolitaine se situe sur des espaces privés. Cette surface équivaut ainsi à environ 687 000 places de stationnement, venant en complément des 331 500 places publiques à l’échelle de la métropole. La commune sur laquelle se concentre l’offre de stationnement privée la plus importante est Lille avec 18 % du total, loin devant Villeneuve-d’Ascq (7%), Roubaix (5%) ou Tourcoing (5%).

Ces surfaces de stationnement sont réparties pour moitié entre le secteur résidentiel et les activités industrielles et commerciales, avec chacun leurs spécificités. Ainsi, à l’échelle métropolitaine, 14% de l’ensemble des surfaces de plancher bâties sont utilisées pour le seul stationnement des véhicules ; cette part tombe à 11% pour le secteur résidentiel, et ce de manière assez homogène pour l’ensemble des communes, contre 21% pour le secteur d’activités.

LE STATIONNEMENT RÉSIDENTIEL

Dans les secteurs résidentiels métropolitains, on dénombre plus de 408 000 places de stationnement privé, soit 0,75 place par logement en moyenne, avec des variations fortes selon les secteurs (de 0,5 dans les secteurs centraux à plus de 1,2 dans les communes rurales). L’usage réel de ces espaces est complexe à appréhender : certains ont un usage d’occupation de stockage plutôt que de stationnement.

© LeBonCoin

LE STATIONNEMENT
PREND SON INDÉPENDANCE

La dépendance détachée du logement est devenue depuis le début des années 2000 le principal mode de production du stationnement résidentiel : entre 2010 et 2020, 78% des 60 000 espaces de stationnement construites sur la métropole sont des dépendances isolées. Et cette tendance s’accentue : au cours de ces quatre dernières années, il s’est construit, en moyenne par année, 4 240 dépendances isolées contre 660 places de stationnement rattachées à un logement individuel et 530 à un logement collectif.

Ce détachement progressif des locaux affectés au logement montre, entre autres, que le stationnement est devenu un bien à part entière qui dispose de son marché propre et dont la valeur s’apprécie de manière indépendante. Ce marché se montre plus dynamique que celui des logements auquel il peut être rattaché : son prix médian a grimpé de 12 points en 10 ans, passant de 714€ à 800€ au m². C‘est deux fois plus que celui des logements sans garage (+6 points).

UN STATIONNEMENT D’ACTIVITÉ GRAND CONSOMMATEUR D’ESPACE

49% de l’ensemble des surfaces artificialisées existantes dédiées au stationnement sont rattachées à l’activité.

Depuis 2002, 12,4 ha sont construits en moyenne chaque année sur la métropole pour le seul secteur d’activités commerciales et industrielles : c’est 1,6 fois plus que pour le secteur résidentiel (7,9 ha). Il est important de noter que sur l’ensemble du stationnement privé rattaché à de l’activité, 17% des surfaces sont couvertes et 83% non couvertes. Près d’un tiers de ces surfaces ont été produites au cours des 10 dernières années.
En 2020, à peine 1% des espaces de stationnement dédiés à l’activité dépasse les 5 000 m², mais cela équivaut à près de 114 000 places, soit 41% de ce segment d’offre.
En outre, tout comme pour le logement, la majorité de ces espaces sont aujourd’hui détachés de toute activité spécifique et déclarés comme espaces de stationnement et de dépôt indépendants. Ce sont les magasins de grande (plus de 400 m²) et très grande surface (plus de 2500 m²) qui se partagent le quart des surfaces stationnement rattachées à une activité, puis viennent les bureaux.
Enfin, il est à noter qu’en complément de ces exploitations, un travail de photo-interprétation a été conduit sur plusieurs sites à vocation économique du territoire. Il ressort de cet exercice des différences sensibles qui invitent à poursuivre l’analyse pour consolider la méthode sur le stationnement dédié aux activités.

Mots clés : Stationnement – Parking – Privé 

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