L’Aperçu n°19 – Vers une définition partagée du bien-être territorial, à travers une dynamique participative

décembre 2022
L'Aperçu

Bien-être et vivre ensemble > Habiter / Habitat

VERS UNE DÉFINITION PARTAGÉE DU BIEN-ÊTRE TERRITORIAL, À TRAVERS UNE DYNAMIQUE PARTICIPATIVE

L'Aperçu d'Eric SKYRONKA

Maire de Sailly-lez-Lannoy

SKYRONKA_Eric

Nous avons engagé la commune de Sailly-lez-Lannoy dans une dynamique de participation citoyenne avec la création en 2017 de la Fabrique Saillysienne, un dispositif inédit pour accompagner les projets d’intérêt général portés par les habitants.

À la suite de premières réussites collectives (covoiturage collaboratif, jardins partagés, etc.), nous avons fait le choix de monter en compétence sur la participation. La commune a assisté à la formation « Territoires participatifs » animée par le CERDD. Puis, l’Agence nous a proposé de mener ensemble une expérimentation sur la définition partagée avec les habitants du bien-être territorial.
C’est dans un véritable cadre de confiance que se sont déroulés les trois temps de l’expérimentation auxquels des élus ont participé aux côtés des habitants. Je pense que ces moments sont particulièrement précieux pour créer du lien, de la cohésion et surtout l’envie d’apprendre à construire ensemble un village durable, vivable.

Toute la population n’était pas représentée lors de ces ateliers. L’essentiel est de répondre à la volonté de ceux qui souhaitent contribuer, de continuer à aller à la rencontre de l’ensemble des habitants et, par l’exemple et l’échange, de leur donner l’envie de participer.

Notre expérience à notre échelle nous fait prendre conscience de la nécessité de développer des outils innovants, mais aussi des postures nouvelles qui favorisent le sentiment que chacun soit respecté dans ses rôles et mandats, les habitants, les élus, les associations… L’Agence comme le CERDD sont des espaces qui permettent d’élaborer ces outils et cette éthique d’innovation responsable.

LE DOSSIER THÉMATIQUE

Vers une définition partagée du bien-être territorial, à travers une dynamique participative


QU’EST-CE QUI FAIT QU’ON SE SENT BIEN SUR SON TERRITOIRE ?

L’Agence et ses partenaires (Métropole Européenne de Lille, Région Hauts-de-France, CERDD), s’intéressent aux leviers du bien-être territorial, dans l’objectif de produire un outil pour le mesurer, et avec la volonté de tester d’autres modes de faire en associant les habitants à l’ensemble des parties prenantes impliquées dans la démarche.

Aucune définition du bien-être territorial ne fait aujourd’hui consensus. Ce concept multidimensionnel est toutefois très lié à la notion de « qualité de vie », et se trouve au croisement de déterminants objectifs (comme la situation d’emploi ou l’accès aux équipements) et de déterminants subjectifs (ce à quoi on aspire).

De nombreux territoires œuvrent aujourd’hui à rendre le bien-être territorial concret, tant dans sa définition que dans ses applications (cf. présentation de IBEST dans la rubrique « Les indicateurs de référence » ci-dessous).

 LE RÉFÉRENTIEL DU BIEN-ÊTRE TERRITORIAL

Sur cette base, une des étapes fondatrices de la démarche est la construction d’un référentiel composé de l’ensemble des dimensions pouvant contribuer au bien-être territorial. Dans l’illustration du mois, les principes de construction du référentiel du bien-être territorial sont représentés graphiquement pour son appropriation (voir ci-dessous).

Il s’inspire du « Schéma de l’habiter » réalisé en 2012 par le Conseil de Développement de Lille Métropole. L’Agence et les partenaires du groupe projet de la démarche poursuivent cette construction à partir de leur expérience du territoire et de leurs expertises.
Le référentiel du bien-être territorial s’articule autour de trois grandes dimensions. Vivre dans un territoire :
c’est avoir des liens d’attache plus ou moins forts à ce territoire, qui se nourrissent de l’expérience et des représentations ;
c’est vivre dans une communauté de vie, entretenir des relations sociales, participer à la vie en société ;
c’est s’y loger, s’y déplacer, s’y soigner, y travailler, y étudier, y pratiquer des activités, en lien avec les équipements et aménités du territoire, leur qualité et leur accessibilité.

Promenade sensible à Sailly-Lez-Lannoy / © ADULM

UNE DÉCLINAISON LOCALE DU RÉFÉRENTIEL LORS D’UNE EXPÉRIMENTATION DE TERRAIN

Ce référentiel a fait l’objet d’une expérimentation réalisée au printemps 2022 dans la commune de Sailly-lez-Lannoy. Trois ateliers ont été organisés, dont deux séances de co-production et une séance de restitution, mobilisant élus et habitants. La première séance a pris la forme d’une promenade sensible (une méthode éprouvée par l’Agence dans le cadre de la démarche Initiatives, Innovation et Vieillissement – cf Aperçu n°10 février 2022). Les habitants ont pu déambuler dans leur environnement autour de 4 espaces symboliques du village, leur permettant de l’appréhender avec un regard neuf et d’entrer plus simplement dans la définition du bien-être territorial, notion qui peut sembler abstraite au début.


Cette mobilisation de l’expertise d’usage des habitants a permis d’aboutir à une première vision partagée du bien-être dans la commune, de construire une déclinaison locale du référentiel, en l’adaptant tant aux spécificités du territoire qu’aux aspirations des participants.

© ADULM

CE QUE L’ON EN RETIRE :
UN OUTIL DE CONNAISSANCE, DE DIALOGUE, DE MISE EN ACTION

Cette expérimentation a permis de mieux connaître et partager les pratiques et aspirations des habitants, d’identifier des « communs » sur le territoire, des espaces, évènements ou éléments immatériels ayant de la valeur pour eux. Elle a notamment révélé l’importance accordée par ces derniers à « l’esprit village », avec un paysage agricole qui renvoie au milieu rural tout en se situant à « 15 minutes en voiture de Lille » ; ou encore l’intérêt porté au « faire ensemble », aux relations sociales et à la mixité intergénérationnelle comme condition du bien vivre ensemble. Elle a aussi permis d’identifier des « zones de tension », c’est-à-dire des sources d’insatisfaction (autour de la dépendance à la voiture par exemple) ou des aspirations divergentes parmi les habitants.

Le référentiel décliné localement peut également servir de support de connaissance pour mettre en perspective les pratiques et aspirations des habitants avec les statistiques disponibles sur leur profil économique et sur l’offre du territoire, voire inciter à produire de nouvelles données, afin de mesurer ce qui compte véritablement pour les habitants. Dans la lignée des ateliers, un des participants a ainsi lancé un projet de cartographie collaborative en open-data dans la commune.

Le référentiel peut être un support de dialogue entre habitants, élus et acteurs du territoire afin de rediscuter et d’enrichir son contenu, qui a vocation à être évolutif. C’est aussi un outil de mise en action : l’expérimentation a suscité des pistes de projets collectifs pour favoriser le bien-être dans la commune (avec l’idée d’un projet de signalétique pour rendre plus visibles les initiatives citoyennes et évènements marquants dans le village).

© ADULM

UNE DYNAMIQUE À POURSUIVRE

Cette expérimentation apporte des éléments pour mieux comprendre ce qui contribue au bien-être territorial et des enseignements en matière de mobilisation de l’expertise d’usage. Cette expérimentation sera prochainement renouvelée sur d’autres territoires, pour étudier la manière dont peuvent varier les perceptions du bien-être territorial et mobiliser le plus grand nombre autour de cet enjeu fondamental.

 

POUR ALLER PLUS LOIN

L'ILLUSTRATION DU MOIS

Mots clés : Bien-être territorial – Participation citoyenne – Qualité de vie

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